NEW WAVE / TECHNO-POP / NEO ROMANTIQUES

Manifeste électronique, rétro-futurisme et musique populaire pervertie

 
Gary Numan - 1999
Photo : Stéphane Burlot

Une des grandes révolutions du punk aura été de libérer la musique de la dictature des musiciens professionnels. Après The Sex Pistols, n’importe qui peut monter son groupe, même, et surtout, si il ne sait absolument pas jouer d’un instrument !


L’autre élément qui a permis de décomplexer les artistes en herbe vis-à-vis de leur technique limitée fut la démocratisation du synthétiseur. Les claviers n’étaient plus ces machines ultra-coûteuses et atrocement compliquées que seuls Pink Floyd ou Genesis pouvaient s’offrir et maîtriser. Désormais, le premier chômeur anglais venu peut économiser suffisamment d’argent pour s’offrir un synthétiseur pas trop sophistiqué et une boîte à rythmes de base. Et même si les sons qu’il en sort ressemblent plus à ceux des jouets d’enfants qu’aux nappes des groupes progressifs, peu importe ! Le punk est passé par là, et le but est avant tout de faire du bruit, de s’exprimer, de montrer que l’on existe. Dopés à la fois par la démarche jusqu’au-boutiste de Suicide (un clavier saturé et une voix écorchée) et le minimalisme de Kraftwerk (mélodies répétitives et sons propres), étudiants en art et poseurs de tous poils se lancent dans la musique 100 % électronique.

Désireux d’apporter un peu de finesse mélodique dans ce monde de brutes, tout en proposant une approche artistique provocante et avant-gardiste dominée par une attitude “do it yourself”, les pionniers de la techno-pop combinent un dandysme vénéneux à de nombreuses accointances avec l’art contemporain. Plus cultivés et raffinés que les prolos en colère à l’origine du post-punk, ceux qui créent le pendant électronique du son new-wave sortent des écoles d’art ou sont impliqués dans la poésie, le théâtre, les performances et les arts plastiques. Leur concept est de proposer une relecture moderne de la pop music, de la soul ou du disco (qui ont bercé leur enfance), tout en explorant les possibilités que leur procure le synthétiseur, associant éventuellement leur musique à d’autres formes d’art. Entre goût pour la mélodie accrocheuse et expérimentations tous azimuts, ils donnent naissance à un son extrémement représentatif de son époque (que l’on dit froide, inhumaine et individualiste), avant d’être dénaturé et usé jusqu’à la corde par les producteurs de variété. Jusqu’à ce que moult formations nostalgiques des sonorités “pouet pouet” du début des années 80 ne remettent à la mode le son analogique près de 20 ans après.

Rédacteur : Christophe Lorentz



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