DEATH ROCK / SCENE AMERICAINE

Les scènes gothiques et post-punk aux Etats-Unis

 
Valor (Christain Death) - 1999
Photo : Stéphane Burlot

Le pays de l’Oncle Sam méritait bien un chapitre à lui seul. La raison principale en est que les évolutions du punk, de la new-wave et du gothique y ont suivi un chemin radicalement différent de l’Europe. Contrairement aux idées reçues, le punk n’est pas né à Londres mais dans les sous-sols de New York, aux fonds de caves humides, joué par des bandes de paumés qui essayaient de retrouver un son rock n’roll durant l’année 1974-1975. Le premier groupe à sortir son album s’appelle The Ramones, en 1976. C’est le tout premier disque du genre, et il contient déjà un tube : Blitzkrieg Bop. Le son est crade, l’esprit très 60’s, mais toutes les bases sont là.

Très logiquement, le punk va faire son petit chemin sur la route 66… Oui, mais voilà : nous sommes aux États-Unis. Aucun groupe n’a le pouvoir de se réclamer suffisamment d’un genre musical pour aller faire scandale sur les écrans de télévision ou dans la presse généraliste. Et il faut bien avouer que dans un pays qui, en moins de vingt ans, a vu défiler les blousons noirs, les beatniks, les hippies et les Hell’s Angels, il est inutile de dire que les punks ne font guère plus que hausser les sourcils de l’Américain moyen. Ceci dit, l’Amérique étant le pays du rock n’roll, il ne sera pas dit que les tremplins rock ou les radios FM délaisseront ces nouveaux rockers, un peu plus bruyants que les précédents certes, mais toujours efficaces dans les “parties” branchées pour ados.

Cette mentalité a ses avantages : l’Amérique est le pays des “freaks” par définition. Un mouvement culturel ou musical, pour peu qu’il soit original et à contre-courant, trouvera toujours un espace pour s’exprimer.

Mais il y a aussi des inconvénients. Que reste-t-il de “l’underground” si les artistes les plus marginaux et les plus révoltés ont ainsi pignon sur rue ? Certains groupes très prometteurs, comme Martha and the Muffins, The Cars ou Blondie, ont ainsi cédé aux chants des sirènes et se sont retrouvés rapidement à faire du rock FM pour un public de beaufs qui les transformèrent en millionnaires, soit, mais aussi en bien mauvais musiciens… On ne peut d’ailleurs que comparer cela à la triste carrière de Kurt Cobain, leader de Nirvana, au début des années 90. Lui non plus n’avait pas compris comment les gens qu’il détestait et dont il dénonçait les travers étaient subitement devenus son public le plus fidèle et le plus reconnaissant. On connaît la suite. Une telle ouverture d’esprit chez les supporters d’Oncle Sam a de quoi désamorcer toute révolution en la faisant passer pour un nouveau gadget à la mode. Dommage pour Kurt. Dommage pour tous les autres...

Les années 78-79 vont donc montrer une scission progressive chez ces nouveaux artistes punk/new-wave. Une partie d’entres eux va passer de la cave obscure aux plus grands hit-parades, perdant son âme mais ciselant toute une frange du rock américain des 80’s, tandis qu’une autre partie va persévérer dans un avant-gardisme obscur, anticommercial et, souvent, plutôt barré. Ce double extrémisme, dans le genre commercial mais aussi dans le genre underground, relève d’un paradoxe qui est loin d’être le seul de la culture américaine.


Rédacteur : Mario Glenadel



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