MUSIQUE INDUSTRIELLE

Du bruitisme des origines à la fusion électronique;
histoire de la musique urbaine par excellence

 
Legendary Pink Dots - 1994
Photo : Stéphane Burlot

De même que le terme “gothique” a perdu beaucoup de sa signification première, le terme “industriel” a été largement galvaudé avant de n’être plus considéré par le grand public que comme un élément interposé dans un certain courant rock ou techno.

Pourtant, la musique industrielle a existé et existe encore, même si elle est aujourd’hui plus proche de la musique concrète ou contemporaine que des racines punk et psychédéliques qui l’ont vu naître. Plus encore que les autres genres abordés dans cet ouvrage, l’industriel trouve ses origines bien avant l’explosion du punk, même si cette dernière lui a conféré son identité propre.

Il existe deux formes courantes de musique industrielle : l’une extrapolative, souvent instrumentale et partiellement improvisée ; l’autre, postérieure, visant à créer de véritables “chansons” industrielles, avec couplets, refrains et voix, et donc plus structurées et moins improvisées.

L’industriel se veut une musique fondamentalement urbaine, mettant l’accent sur l’aspect déshumanisé de la société en adoptant des sons et une structure mécanique. A l’opposé du romantisme et de la mélancolie gothiques, l’industriel est une musique directe, désespérée, exprimant un mal de vivre moins esthétisé et plus proche de la folie. Cet aspect “brut” rapproche l’industriel de la démarche punk.

Pourtant, c’est bien auparavant, à la fin des années 60, que cette musique trouve ses fondations.

Beaucoup de groupes psychédéliques et d’artistes avant-gardistes se sont inspirés de la musique concrète pour créer des ambiances hypnotiques ou des atmosphères surréelles.

Il y eu au départ le fameux compositeur contemporain Pierre Henry, auteur en 1967 d’un tube historique co-signé avec Michel Colombier, Psyche Rock. Repris par toute la génération techno, cet hymne pourtant très daté n’en est pas moins la première rencontre entre l’expérimentation sonore et un courant de musique populaire. Pierre Henry réitèrera son expérience avec le groupe de rock Spooky Tooth pour le superbe Ceremony (1969), album mélangeant habilement rock et musique nouvelle en une parodie de messe latine.

Parallèlement, en Allemagne, de talentueux groupes vont voir le jour et s’ouvrir à tous types d’expérimentations. Nous sommes au tout début des années 70 et l’heure est à l’originalité. Le free-jazz et la musique concrète sont les influences majeures d’une nouvelle scène de hippies torturés pour qui les drogues et le psychédélisme sont des clefs ouvrant de sombres alcôves dans l’esprit humain. Le groupe allemand Amon Düül sera l’un des premiers à sortir des albums de jams bruitistes et déstructurés à une cadence affolante : Psychedelic Underground (1969), Collapsing (1970) et Disaster (1970) sont les trois pierres angulaires de cette brève carrière, avant que le groupe ne se scinde en deux : Amon Düül I et Amon Düül II. Cette dernière formation se dirigera vers une carrière internationale plus pop, tout en demeurant une référence pour la scène allemande. Deutsch Nepal et Phallus Dei ont tiré leurs noms de chansons d’Amon Düül II.

Rédacteur : Mario Glenadel



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