DARK WAVE / SCENE ALLEMANDE

A l'Est enfin du nouveau !

 
Das Ich - 1997
Photo : Stéphane Burlot

Aux alentours de 1988, le gothic-rock est en perte de vitesse. Les grands anciens (Sisters of Mercy, Siouxsie and the Banshees, The Cure) vivent sur leurs acquis, confortablement installés chez leurs major-companies. La cold-wave (Clan of Xymox, And Also the Trees, Cocteau Twins) peine à se renouveler et se laisse séduire par les sirènes de la pop.

Seule la scène EBM propose au public dark des sonorités nouvelles au sein d’une musique underground aux thèmes toujours aussi torturés. Mais une certaine partie du public gothique n’accroche pas à ces sons de machines froids et brutaux, tout comme elle ne se reconnaît pas dans une musique industrielle qui incorpore de plus en plus de guitares saturées. Heureusement, pour le plus grand plaisir de ce public qui se méfie des machines et du thrash métal, une sorte de revival gothique va venir d’un pays qui n’avait jusqu’ici pas été spécialement prolixe en artistes gothiques (hormis X-Mal Deutschland ou Malaria!) : l’Allemagne.


Dès 1990, la France voit donc débarquer des formations qui apportent un sang neuf à un genre que beaucoup considéraient comme moribond. A tel point que l’on parle bientôt de revival gothique” ! Les corbeaux qui ne se sont pas tournés vers la noisy-pop (Pixies, Ride, My Bloody Valentine, Pale Saints, The Jesus and Mary Chain) plébiscitent alors un nouveau courant qui a su tirer le meilleur des genres qui l’ont précédé : théâtralité portée à son paroxysme, sonorités électroniques intenses, rythmes dansants, guitares lourdes, mélodies accrocheuses, imagerie ténébreuse à souhait...

Le mot “dark-wave” apparaît bientôt pour désigner toute cette scène germanique qui réussit à faire du neuf avec du vieux. Mais la dark-wave n’est pas, à proprement parler, un style bien défini : il s’agit plutôt d’un terme générique englobant toute la musique sombre venue d’Outre-Rhin dans les années 90, qu’elle soit goth, électro, cold-wave ou tout ça à la fois ! On y trouve aussi bien des groupes pratiquant un gothic rock influencé par Fields of the Nephilim et Sisters of Mercy (Love Like Blood, Garden of Delight), des combos pratiquant un mix entre goth, indus et électro (Project Pitchfork, The Eternal Afflict, Deine Lakaien), des artistes utilisant l’électronique pour développer une théâtralité et un lyrisme exacerbé pioché dans la grande tradition allemande (Das Ich, Goethes Erben, Endraum), ou même quelques extra-terrestres défiant toute tentative de catégorisation (Sopor Aeternus, The Merlons of Nehemiah). Gigantesque fourre-tout, la dark-wave inaugure néanmoins une nouvelle ère dans l’histoire de la musique sombre : celle des mariages soi-disant contre nature, où les artistes n’ont plus peur de faire fusionner électro, pop, industriel, métal, goth, techno, musique médiévale… Tout est permis et les musiciens allemands ne vont pas se gêner pour pratiquer les greffes les plus audacieuses. Pour le meilleur, ou pour le pire...


Rédacteur : Christophe Lorentz



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