METAL GOTHIC

Et le metal devint romantique

 
Anneke Van Giersbergen (The Gathering) - 1999
Photo : Stéphane Burlot

Mis à part la singulière mutation de The Cult en Aerosmith version british et le très puissant Vision Thing des Sisters of Mercy, les relations entre métal et gothique ont toujours semblé quelque peu conflictuelles avant les fusions effrénées des années 90. D’un point de vue général il paraît en effet bien difficile de pouvoir trouver un point commun entre ces deux styles manifestement antinomiques dans le fond comme dans la forme. Au début des années 80, ces deux cousins éloignés (que l’on n’appelle alors ni métal, ni gothique) de l’immense famille rock tracent tranquillement leur petit bonhomme de chemin sous l’influence encore fraîche de leurs icônes respectives ; les uns chérissent Bowie, le Velvet ou Roxy Music, les autres ne jurent que par Led Zeppelin, Deep Purple ou encore Scorpions.

Pourtant, deux monuments du hard-rock 70’s ont déjà, sans le savoir, jeté quelques solides ponts entre ces deux univers. Alice Cooper et son glam-rock chevelu et surtout Black Sabbath qui, avec un premier album éponyme lourd, noir et inquiétant, vient dès 1970 assombrir les aspirations béates d’un flower-power, alors à son apogée. Mais malgré cette déjà lointaine parenté, difficile en 1980 d’imaginer pour autant Bauhaus fusionner avec Judas Priest ! Le déclic punk et la surenchère de la violence sur une certaine branche du métal pourvoiront indirectement à un tel rapprochement dix ans plus tard.

Devenu, au cours des années 80, thrash en Californie puis black en Europe, le hard-rock accouche à l’orée des 90’s de son rejeton le plus bruyant et le plus famélique : le death-métal.

Imagerie morbide, thématiques gores ou satanistes, attitudes vindicatives, les premiers combos venus de Floride (Death, Morbid Angel) jettent d’entrée les bases d’un style ultra brutal fait de voix gutturales, de rythmiques effrénées et de guitares sous-accordées qui va séduire un grand nombre de teenagers à travers le monde.

Toujours plus vite, toujours plus fort, l’escalade sonore death-métal va pourtant avoir de curieux effets sur certains groupes européens qui prennent du coup le contre-pied d’un courant déjà parasité par nombres de micro-formations médiocres. Rythmes ultra lourds et lents, structures dépouillées, iconographie religieuse, le doom apparaît au grand jour début 90, reprenant à son compte l’héritage laissé par quelques pionniers des eighties : Trouble, Saint Vitus et surtout Candlemass. Un groupe suédois dont le premier album Epicus Doomicus Metallicus (1986) est rapidement considéré comme le maître étalon d’un genre auquel il a involontairement donné son nom ! Autres groupes cultes de la décennie passée, Bathory et Celtic Frost ont quant à eux largement contribué à façonner les structures primitives du black-métal, apportant par leur influence crépusculaire les premières pierres angulaires à l’édifice métal-gothique.

 

Rédacteur : Stéphane Leguay



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