ELECTRO DARK / ELECTRO POP / TECHNO INDUS

Retour vers le futur

 
Tanja Richter (Suicide Commando) - 2000
Photo : Stéphane Burlot

Comme toutes les autres formes de musiques (qu’elles soient underground ou commerciales), la musique dite “gothique” (dans l’acceptation la plus large du terme) n’a pas échappé à la déferlante techno. Cette même techno qui n’aurait sans doute jamais existé si Kraftwerk, Front 242, Cabaret Voltaire, Skinny Puppy ou Alien Sex Fiend n’avaient pas décidé un beau jour de faire joujou avec des machines ! Juste retour des choses ou continuité logique, cette musique dansante et électronique qui doit tant à l’EBM va influencer une deuxième vague de formations électro- industrielles. Etiquetées “électro-dark”, celles-ci se distinguent de la mouvance dark-wave par une imagerie à la fois cybernétique, urbaine et gothique, ainsi que par des compositions ouvertement agressives et expérimentales, privilégiant souvent le rythme, les gimmicks synthétiques et les sonorités saturées à la traditionnelle structure couplet-refrain. La popularisation d’une sorte de clubbing gothique” (clubs, bars et soirées dark à gogo aux quatre coins du monde) va favoriser l’explosion de ce style à la fois radical et taillé pour les dancefloors, qui possède souvent un certain lyrisme noir.

Parallèlement, de nombreux artistes européens vont effectuer une sorte de retour en arrière, faisant preuve d’une intense nostalgie pour les sons analogiques, les voix maniérées et les mélodies faciles de la techno pop des années 80. Mêlant sonorités à la limite du kitsch et effets modernes, ces groupes offrent une seconde jeunesse à l’esprit qui animait la new-wave synthétique.

On leur colle alors l’étiquette de “synth- pop” ou électro-pop”, jusqu’à ce que certains s’avisent de mélanger des ritournelles entêtantes dignes de Depeche Mode à des rythmes et des sons techno trance. La “future-pop” est née !

Le troisième style qui dominera la seconde partie des années 90 est certainement le plus extrême. Héritier à la fois de la techno-hardcore la plus sombre, de la musique industrielle la plus bruyante et d’une certaine forme de musique électronique expérimentale, la “techno-indus” va ravager progressivement tous les dancefloors goths, réjouissant ceux qui s’étaient déjà lassés de l’électro-dark. Aussi dénommé “indus- rythmique”, “harsh-noise” (terme utilisé à la base pour qualifier la branche la plus bruitiste et expérimentale de la musique industrielle) power- noise” ou “power-electronics”, ce mouvement se nourri de tout ce que la musique électronique compte comme sous-genres extrémistes (breakcore, drum’n’bass hardstep, electronica, hard-techno, expérimental) pour y insérer une sensibilité et une imagerie industrielle très noire, développant ainsi des albums qui alternent passages ambient industriels et titres musclés destinés aux pistes de danse. A l’instar de la techno, ce style est moins une affaire d’artistes que de labels ou de DJ’s, et draine tous ceux qui ont fait le tour du rock sombre à guitares, de la musique industrielle des origines et de l’EBM de base. Fini le gothique, la cold-wave, la new-wave ou le post-punk : depuis le milieu des années 90, nous sommes définitivement entrés dans l’ère cyber-goth” !

Rédacteur : Christophe Lorentz



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